Toulouse : Il crée le Vinted de la pêche et avec le (dé)confinement ça mord grave
15/02/2021
La pêche à papa, avec une canne bricolée et de vrais asticots qui se tortillent, c’est loin. Désormais connectés, les pratiquants importent du Japon des leurres, en forme de poisson mais aussi de grenouilles ou d’écrevisse très bien imitées, et se pâment devant les exploits des stars de la discipline via YouTube ou Instagram.
Ils ont même leur Vinted, pour dégoter des moulinets ou des grandes marques d’occase. La plateforme s’appelle Circle Fishers. Elle a été créée par Karim Sanogho, 35 ans, qui, en bon Toulousain, a mordu à l’hameçon tout petit, en taquinant le poisson-chat, la brème ou le gardon dans le Canal du Midi.
Une canne cassée en deux
« J’ai attrapé le virus, la pêche, j’y pense du matin au soir, j’en rêve même », confie cet ancien commercial dans l’informatique désormais exilé à Montpellier. Il est bien placé pour savoir que sa passion coûte cher, surtout quand on décide de plonger dans la très exigeante technique de la pêche à la mouche. Circle Fishers est né fin 2018 d’une désillusion : une canne commandée d’occasion par les petites annonces classiques et arrivée « cassée en deux », sans recours pour Karim.
Déjà fervent adepte de Vinted pour les fringues, le trentenaire a imaginé un concept approchant pour la pêche, sécurisé pour les acheteurs. Le coup de pouce de quelques influenceurs, dont Aminiakk pour les initiés, lui a permis de faire ses premiers ronds dans l’océan du Net.
«Ce besoin de pleine nature et de tranquillité»
Mais ça, c’était avant la marée du confinement (décrété soit dit en passant en pleine ouverture de la pêche à la truite) et cette nouvelle preuve qu’il y a bien un monde d’après le Covid-19. « Pendant trois jours, il ne s’est rien passé, trafic zéro, raconte le pêcheur. Puis les gens ont compris que ça allait durer et ça a été l’explosion, les connexions ont doublé ». Parce qu’ils sont comme ça les pêcheurs, quand ils ne peuvent pas aller au bord de l’eau, ils s’équipent en y pensant. « On est quasiment aussi content de recevoir un nouveau moulinet ou un nouveau leurre dans sa boîte aux lettres que de sortir un poisson », s’amuse le passionné qui revendique 4.000 utilisateurs sur sa plateforme.
Et l’engouement ne s’est pas démenti pendant le déconfinement. « Il y a eu ce besoin de pleine nature et de tranquillité, poursuit-il. Les passionnés ont pêché deux fois plus, certains s’y sont remis et de tout nouveaux pratiquants sont arrivés ».
Pascal, un informaticien toulousain, qui pêche « un peu partout et souvent », quand il ne suit pas ses Youtubeurs favoris, est un utilisateur de la première heure. Amateur de leurres, de petit matériel japonais ou américain « pas évident à trouver en magasin ou même sur Internet », il apprécie « la diversité de l’offre » et le côté pratique de la plateforme où il a déniché « quelques belles pépites ». Il fait partie lui de ceux qui ont coupé le fil avec la pêche pendant le confinement. Alors que certains vidaient leur garage sur Circle Fishers, il a peu vendu, peu acheté. Mais il a renoué très vite.